LA FICTION CHRÉTIENNE : UN PROBLÈME D’EXPANSION

Si elle a conquis le monde anglo-saxon par la diversité de ses œuvres au travers de célèbres auteurs et autrices tels que Francine Rivers, Juliette Duncan, Marion Uckerman, C.S Lewis, Lisa Wingate, Jerry B Jenkins, Jane Austen pour ne citer que ceux-là, la fiction chrétienne reste encore un terrain très peu exploré en francophonie.

Dans cet article, je vous partage quelques points qui, selon moi, sont les  principales raisons pour lesquelles la fiction chrétienne tarde à jeter son ancre en francité. 


La présence considérable de la non-fiction au sein des communautés chrétiennes francophones


S’il y a une chose qui ne saurait passer inaperçu sous le regard de tout observateur averti ou non, c’est bien la présence considérable de la non-fiction sur les étagères de nos librairies chrétiennes.  On la trouve presque dans tous les domaines de la vie (famille, éducation, finances, développement personnel, entrepreneuriat, etc.) son influence grandissante n’est guère sans impact sur la fiction car, à force de voir leurs leaders, leurs frères et sœurs écrire en majorité de la non-fiction, beaucoup de chrétiens ont finit par croire que le Seigneur ne pouvait qu’inspirer ce type de littérature et qu’il était sûrement contre toute autre forme d’écriture.

Dieu inspire-t-il aussi de la fiction ? 

Absolument !

Dieu inspire ce type de littérature selon les standards divins dans le but de toucher des cœurs et de changer des vies.

En tant qu’auteur de fiction et de non-fiction, je peux aisément en témoigner, car écrire une fiction telle que la rose dans le noir ne m’a guère empêché d’écrire sur l’intimité avec Dieu qui est une non-fiction. 

Et, actuellement, mes deux projets d’écriture sont des fictions.


La fiction considérée dans la communauté chrétienne comme un contenu qui étale très peu leurs valeurs


Si l’auteur a le mérite d’écrire une œuvre, c’est au lecteur que revient le mérite d’en jouir, de la juger, la critiquer, la valider, la décrédibiliser ou l’ignorer. En d’autres termes, pas d’auteurs sans lecteurs, car le lecteur est celui qui donne réellement tout son sens à l’œuvre d’un auteur.

Il est donc clair que si un genre littéraire peine à trouver ses lecteurs il aura du mal à se faire une place au sein des librairies : c’est le cas de la fiction chrétienne.

 

La fiction est réputée pour la diversité de ses genres et la multiplicité des possibilités qu’elle offre. Elle permet une grande liberté au niveau des sujets abordés. Le tabou n’est sûrement pas l’une de ses préoccupations premières. Raison pour laquelle dans la fiction, on retrouve tout genre de contenu, présenté sans censure à un public adulte ou non. Pour elle, c’est au lecteur d’être assez responsable pour déterminer ce qui lui convient en termes de lecture. D’où la question : comment lui faire entièrement confiance ? Comment accorder du crédit à un genre qui n’accorde que très peu d’importance à l’éthique et à la morale de ses œuvres ? Ce sont des questions qui se posent très souvent au sein des communautés chrétiennes francophones.

Si dans le monde pour la plupart les chrétiens n’avait aucun mal à lire des œuvres au contenu osé, indécent et grossier, etc.  Des œuvres ou on leur faisait parfois miroiter un semblant de pureté et de chasteté, mais cela en toute impudicité. Après leur conversion, il leur est difficile, voire impossible  de renouer avec cette littérature dont le contenu va à l’encontre de leurs valeurs spirituelles.

Et même s’ils ont arrêtés de lire ce type d’ouvrage, l’image péjorative qu’ils gardent de leur contenu ne les quittent pas. De ce fait, dès qu’ils entendent parler de fiction quand bien même que le christianisme y serait mis en avant, ils vous jettent tout de suite un regard circonspect car, pour eux, fiction s’allie rarement avec éthique, morale, identité et pureté.


La qualité des œuvres


C.S LEWIS, l’un des auteurs chrétien qui m’inspire beaucoup, a tenu ces propos : “Le monde n’a pas besoin de plus de littérature chrétienne. Ce dont le monde a besoin, c’est de plus de chrétiens qui écrivent de la bonne littérature”.

Lewis est clair : ce qu’il faut à la fiction chrétienne c’est de mettre l’accent sur la qualité, la qualité de ses œuvres et non sur la quantité.

Avoir une belle histoire à raconter ne suffit pas toujours, il faut également y joindre le style.

Si un style jugé bon peut gommer les imperfections d’une intrigue peu originale, le contraire est très souvent une belle utopie, car même la plus belle histoire du monde ne saurait camoufler un mauvais style. 

Pour avoir eu à lire quelques romans écrits par mes confrères, je ne peux qu’appuyer le point de vue de C.S Lewis car, dans leurs ouvrages, tout était au rendez-vous sauf la qualité de l’écriture.

Mais si certaines plumes chrétiennes m’ont laissé un goût amer, d’autres par contre ont mis du baume dans mon cœur : Daryl pour la beauté et l’élégance de sa plume, la clarté et la précision de son vocabulaire. La plume messagère est ce que j’appelle une main de maître dans un gant de velours. J’apprécie particulièrement me balader sur son blog où on peut puiser de précieux conseils, fruits d’un beau parcours et de belles expériences. Je vous encourage d’ailleurs à y faire un tour, vous tomberez à coup sûr à la renverse, mais de bonheur.  

Victor Hugo nous partage son avis à travers ces propos : C’est le style qui fait la durée de l’œuvre et l’immortalité du poète. La belle expression embellit la belle pensée et la conserve ; c’est tout à la fois une parure et une armure. Le style sur l’idée, c’est l’émail sur la dent.” Pour Hugo, le style est incontournable pour la beauté et l’immortalité de l’œuvre. 

Toutefois, il est aussi important de garder à l’esprit que le style, bien qu’étant un critère primordial dans l’appréciation d’une œuvre reste aussi un critère subjectif. Un style apprécié par un éditeur ou un lecteur peut ne pas trouver grâce aux yeux d’un autre lecteur … Néanmoins, comme le dit encore si bien Hugo que j’aime beaucoup citer : “ sévérité donc et grandeur dans la forme ; et, pour que l’œuvre soit complète, grandeur et sévérité dans le fond. Telle est la loi actuelle de l’art ; sinon il aura peut-être le présent, mais il n’aura pas l’avenir.” 

Et vous ? Quel est votre avis sur la question de l’expansion de la fiction chrétienne en francophonie ? 

Si vous avez aimé l’article n’hésitez pas à laisser un commentaire.

 

4 réflexions sur “LA FICTION CHRÉTIENNE : UN PROBLÈME D’EXPANSION”

  1. L’expérience vécue interpèlle plus que la fiction.
    L’expérience vécue permet de mieux partager des faits et d’en tirer des leçons qui en découlent pour les lecteurs.
    L’expérience vécue est vecteur de chaîne de valeur et touche mieux les coeurs des Hommes…
    Ce qui précède peut expliquer entre autre l’absence sinon la faible expansion de la fiction chrétienne

  2. Merci pour ce texte enrichissant. C’est vraiment un sujet qu’on évite souvent dans la littérature chrétienne. Il y a peu d’auteurs chrétiens qui écrivent de la fiction en pensant que cela pourrait s’opposer à la foi, à la morale. Mais, je vois que la fiction est le meilleur moyen pour laisser véhiculer la pensée de Dieu. Car, une oeuvre peut-être jugée de fiction aujourd’hui, mais c’est une prophétie demain. Dans la Bible, la littérature juive, on ne trouve pas mal des histoires ayant rapport à ce genre littéraire que plusieurs peuvent ignorer. Il est temps pour nous de savoir que les genres littéraires ne sont pas religieux. Tout ce que Dieu inspire à l’homme, c’est une approbation de sa part pour la construction de l’être chrétien ou païen. Il ne fait acception de personnes, de même pour les genres littéraires. Il est temps pour nous de franchir cette barrière pour se diriger vers la fiction chrétienne comme il est mentionné dans l’article. Encore Merci !

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