Interview avec BASILE AKPOTO

L’écriture est habituellement un art solitaire. Mais, pour la plupart, les écrivains ressentent le besoin à un moment ou à un autre d’échanger avec leurs pairs sur leurs difficultés, leurs idées, leurs doutes et leurs projets d’écriture. Se confronter à d’autres auteurs leur permets d’éprouver leur méthode, leur façon de travailler, de s’organiser et, de se rendre compte qu’ils font face aux mêmes galères et aux mêmes peurs que les autres.

Dans cette série d’interviews autour de la plume, nous allons pénétrer dans l’univers de plusieurs auteurs afin de savoir ce qui se passe dans leurs têtes, nous enrichir de leurs expériences et de leurs conseils.

Pour cette première interview, j’ai le plaisir de vous présenter Basile AKPOTO, mathématicien à la lumière du jour et poète dans l’obscurité de la nuit, il m’a fait l’immense honneur de répondre à mes questions.

Bonjour, Basile, pourrais-tu brièvement te présenter auprès de nos chers lecteurs ?

Bonjour, je suis Basile, jeune poète, passionné de belles lettres. Je suis originaire du Togo et je vis à Paris en France. Je suis auteur d’un recueil de poèmes, « Génération Menacée », à paraître bientôt.

Depuis combien de temps écris-tu ?

Est-ce que je deviens écrivain au moment où je me mets à écrire ou au moment où je publie une œuvre ? Je n’en sais rien. Je note seulement que dès ma classe de CM1, je participe à un concours de poèmes où je fus retenu parmi les 10 meilleurs sur le plan national. Dès lors, mon père n’avait cessé de m’encourager à prendre très au sérieux cette passion que je porte pour l’écriture

Est-ce ta principale activité ?

Je dirai que l’écriture est à ce jour pour moi une activité secondaire. Je suis un scientifique au vrai sens du mot. Doctorat en poche, spécialité Mathématique et cryptologie, soutenu en mars dernier, j’ai actuellement un poste d’enseignant-chercheur dans une université parisienne.

Travailles-tu actuellement sur un projet d’écriture ?

J’ai une centaine de poèmes au placard que je relis et retravaille souvent. Un projet particulier de l’heure ? Je dirai peut-être non, mais j’écris chaque jour et de façon spontanée pour énoncer mes sentiments et mes perceptions. L’écriture n’est pas pour moi une activité aléatoire, ponctuelle et irrégulière ; elle est mon style de vie.

La poésie est un genre littéraire qui te passionne particulièrement, d’où te vient cette fascination ?

Adolescent, j’ai remarqué avec mes premières lectures que la poésie est le genre littéraire né de l’union sacrée entre la parole et l’âme, un genre littéraire  qui recherche ardemment le beau, la pureté, la perfection. J’ai été séduit par un style de langage propre aux poètes dont le but premier est de vivre et de faire vivre pleinement la vie. De Victor Hugo en passant par Baudelaire et Joseph Kokou Koffigoh (poète et ancien premier ministre togolais), l’engagement est resté le même.

Envisages-tu d’explorer d’autres genres littéraires ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Au-delà du mathématicien confirmé que je pense être en toute humilité, j’aspire à devenir un écrivain complet. Dans cet élan, je prépare actuellement à distance un diplôme universitaire en Littérature comparée à l’université de Franche-Comté en France. J’ai été fasciné ces derniers jours par un recueil de nouvelles qui a changé ma vision littéraire. Le livre s’intitule « Quand les lucioles fleuriront la nuit » et est de Inza Bamba, un écrivain ivoirien. À part la poésie, je compte me lancer très prochainement dans l’écriture des nouvelles et des romans.

Qu’aimes-tu le plus dans la poésie ?

Les poètes sont des orateurs au verbe inépuisable. Ils ont reçu du Ciel ce don particulier d’aider le lecteur à franchir la barrière qui sépare le laid des beautés réussies.

Ce sont des sensations qui ne me laissent pas insensibles quand je parcours des textes poétiques.

Qu’est ce qui te semble plus difficile ?

Il n’y a rien de difficile si l’on fait de la résilience son leitmotiv au quotidien. En science comme en littérature, les difficultés « augurent toujours les renouveaux salvateurs », pour prêter les mots d’un écrivain ivoirien, Macaire Etty.

Je trouve que tu as une très belle plume, une prose claire et solide. Qu’est-ce que tu as mit en place pour parvenir à ce résultat ?

J’ai coutume de dire que l’écrivain est un lecteur porté à combustion. Si l’on veut s’engager en littérature, il faut garder une bonne culture de lecteur.  L’on doit chercher à lire ses prédécesseurs et tenter de faire la distinction entre les auteurs : ceux réellement doués et ceux approximatifs. Le progrès en littérature, comme dans plusieurs autres domaines de la vie, provient généralement de ce que nous faisons de l’expérience des anciens. Elle nous livre un matériau de base ; dont nous devons nous démarquer, si ce matériau est douteux ou à laquelle nous devons nous identifier, si cette matière première est exemplaire.

Jusqu’aujourd’hui, je lis toujours, stylo à la main, à l’affût de belles tournures, des images originales, des structures de phrases audacieuses, des déconstructions linguistiques, des écarts par rapport à la norme. La lecture quotidienne fait toute la différence.

Es-tu un écrivain solitaire ou tu aimes partager tes écrits avec ton entourage ?

Mes proches et amis lisent mes textes au quotidien. Entre poèmes de célébration, poèmes inédits ou d’autres partages que je fais pratiquement tout le temps, je suis toujours attentif à l’effet que produisent sur amis et mes proches mes écrits…

Au-delà de l’humour qui se dégage très souvent de mes textes, mes écrits arrivent à émouvoir, séduire, bouleverser. Pas tout le temps, mais souvent. Rires…

Quels sont les écrivains qui t’inspirent ?

Je me reconnais plus significativement dans les écrits d’un essayiste togolais vivant en Belgique : Ayi Hillah. Même si je ne peux taire ma sympathie pour des auteurs tels que Macaire Etty, Sami Tchak, Patrice Nganang, Bernard Dadié, Henri N’Koumo, c’est à Ayi Hillah que revient principalement mon admiration. Cela tient au fait qu’il est l’auteur qui, à mes yeux, sait énoncer les vérités les plus fortes, avec des mots les plus simples. Il y a aussi chez cet auteur, une parfaite maîtrise des traditions africaines du sein desquelles il a le génie de mettre en exergue les paradigmes nécessaires à l’explication du monde d’aujourd’hui. 

En tant qu’auteur chrétien de fiction, ta poésie est-elle uniquement destinée à la communauté chrétienne ?

Absolument pas. Mes écrits sont destinés à toutes les classes sociales, sans distinction de race ou de conviction religieuse. La chose la plus importante pour le chrétien, c’est d’énoncer les vérités les plus fortes, avec les mots les plus simples et surtout de ramener à une dimension d’amour divin les plus grandes abstractions.

Pourrais-tu nous parler de tes futures aspirations dans le domaine de l’écriture ?

Mon rêve est de produire des œuvres de qualité pour devenir d’ici la fin de cette décennie un écrivain prolifique, mondialement reconnu. La quantité n’est pas nécessairement inscrite au rang de mes challenges. Mais, je pense que l’insatisfaction que je ressens face à mes écrits déclenchera en moi la volonté d’écrire plusieurs livres. 

Pour finir quels sont les deux livres qui t’ont le plus marqué en tant que lecteur ?

Je citerai « Mille petits riens » de Jodi Picoult et « Les soleils des indépendances » d’Ahmadou Kourouma. Ils sont les livres les plus aboutis et qui parlent le plus à ma conscience de poète.

Merci, Basile, pour cette interview


Propos recueillis par Carlyne N.M.

Pour conclure ce magnifique moment, Basile à bien voulu partager un de ses poèmes avec nous.


Un coucou aux Valentines

Méfiez-vous des loups 
Qui ont un baiser doux
Qui ne veulent surtout
Que prendre vos atouts
Sans fiançailles au bout

Si l’homme tout à coup
Veut faire un mauvais coup
Dites-lui ô mon chou
Il n’y aura pas joujou
Sans un mariage au bout

S’il se met à genoux
Regards fixés sur vous
Aussi doux qu’un matou
Dites-lui ô mon chou
À la rigueur ma joue

Si l’homme tient à vous
Aux futurs rendez-vous
Il vous dira chouchou 
Je t’aime malgré tout
Je le dis sans tabou

À d’autres rendez-vous
Testez-le jusqu’au bout
Qu’il vous offre un bijou
La bague et non des sous
Sans vous sauter au cou

Allez à Ouagadougou
S’il vous suit malgré tout
Cet homme est fait pour vous
C’est un amoureux fou
Bien différent des loups

N’hésitez plus du tout
Donnez-lui vos atouts
Beaucoup de baisers doux
Qui feront des jaloux
Nombreux autour de vous.

Basile Akpoto, in "Génération menacée"


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2 réflexions sur “Interview avec BASILE AKPOTO”

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